Selection pour Italie/France
Amélie, vous emmenez donc quatre joueuses à Gênes : Alizé Cornet, Caroline Garcia, Kristina Mladenovic et Pauline Parmentier. Pourquoi ce choix ?
Au vu des derniers résultats, de ce que j’ai pu observer sur cet Open d’Australie, mais aussi de leurs résultats tout au long de l’année, de leur classement, de leur expérience, c’était un choix qui me semblait assez logique.
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Vous n’avez pas sélectionné Océane Dodin…
J’avais très envie de l’emmener, pour être honnête. C’est vrai que sa progression en 2014 et ce que j’ai pu observer lors de ses deux matchs à Melbourne – car je l’ai découverte ici – m’ont donné envie de reproduire avec Océane ce que j’avais fait avec Caroline Garcia d’une certaine façon, c’est-à-dire en commençant à l’intégrer au groupe pour finalement au moment de la dernière rencontre, l’envoyer sur le court une fois que je l’ai sentie assez mûre pour ça. Cela avait permis une jolie évolution au sein de l’équipe. Reproduire ça avec Océane, c’était vraiment mon souhait, tant d’un point de vue sportif que sur le plan de la construction de l’équipe. Mais après un certain nombre de discussions, que ce soit avec Océane elle-même, son entourage, Georges Goven, son père, etc., je me suis plutôt rendu compte qu’elle n’était pas encore prête, qu’elle était peut-être en manque de maturité pour déjà, à 18 ans, intégrer le groupe. Donc, la décision s’est faite autrement. Et on a une très belle équipe pour aller en Italie.
Quand vous dites qu’elle n’est “pas prête“, comment l’avez-vous senti exactement ?
À un certain nombre de discussions. Tout arrive très vite pour elle, dans sa progression au classement, dans ce qu’elle découvre. Ici c’était son premier Grand Chelem. Ça va très vite. Je ne sais pas comment expliquer ça autrement… Et du coup, tous, nous estimons qu’il lui faut un peu plus de temps.
Pour ne pas qu’elle se brûle les ailes d’une certaine manière ?
C’est l’idée. Il faut qu’elle soit à l’aise le jour où ça arrivera. J’espère pour elle que ce sera le plus tôt possible. Mais là, ce n’était pas le bon moment.
Sur ce que vous avez vu d’elle à Melbourne, que pensez-vous de son potentiel ?
C’est toujours difficile à dire, surtout avec ce style de jeu à haut risque. Après, j’ai trouvé que, justement, par rapport à ses prises de risque, à ses frappes de balle et à son âge, il n’y avait pas tant de déchet que ça. Bien évidemment, il y en a ! Bien évidemment, il y a des fautes directes ! Mais il ne faut pas oublier qu’elle n’a que 18 ans et qu’il y a quatre ou cinq mois, elle était encore au-delà de la 500e place mondiale. Il y a une évolution qui se fait et tout le monde doit lui laisser du temps. Il faut qu’elle se construise et qu’elle soit moins exposée dans les mois qui viennent.
Ce premier tour face aux Italiennes, comment l’envisagez-vous ? Cela ne va pas être simple car c’est une équipe très solide.
Évidemment, ce n’est pas simple : elles ont gagné trois fois la Fed Cup sur les six dernières éditions. C’est une équipe très costaud, tant en simple que sur un double décisif éventuellement. Nous ne sommes pas favorites, clairement, mais on a une équipe qui est solide, qui peut faire de belles choses, comme elle l’a déjà fait par le passé. Si on se réfère à l’Open d’Australie, on n’a peut-être pas eu tout à fait les résultats escomptés mais je pense que les filles sont tout à fait capables de s’adapter à la surface, d’aller chercher les grands rendez-vous comme celui-ci et de se surpasser. En tout cas, c’est ce qu’on va essayer de mettre en place.
Comment le rassemblement va-t-il se passer ? Qu’avez-vous prévu ?
Comme elles sortent quand même toutes d’une préparation hivernale et d’une tournée australienne assez « hard », et qu’il y a un décalage horaire à gérer (Caroline est repartie hier (mardi), Kristina est encore là, Alizé s’en est allée il n’y a pas très longtemps non plus), l’idée c’est de tous se retrouver à Gênes le dimanche. Pour privilégier, après cette tournée australienne qui est toujours longue et éprouvante, récupération, réadaptation au climat et réacclimatation au niveau du décalage horaire. Et aussi adaptation à la terre battue, mais je sais qu’un certain nombre d’entre elles auront déjà commencé à taper sur terre.
Vous-même, qui coachez également Andy Murray, vous n’aurez pas le temps de vous remettre du décalage horaire…
Non (rires) ! On va déjà voir ce qui se passe pour Andy demain (jeudi) pour estimer quand est-ce que j’arriverai exactement. Les filles sont de toute façon prévenues, on avait envisagé avec elles toutes les possibilités, donc elles savent très bien qu’au pire, elles feront la journée de lundi avec Gabi (Urpi, l’entraîneur de Fed Cup), avec Xavier (Moreau, le préparateur physique), bref avec tout le staff, et que moi, je serai lundi soir au plus tard à Gênes. Ou peut-être avant.
Le fait d’avoir Gabriel Urpi dans votre staff peut-il, justement, constituer une sorte de botte secrète contre les Italiennes ?
J’espère bien (rires) ! Il a une pression énorme sur cette rencontre ! C’est certain, je vais beaucoup m’appuyer sur lui : il les connaît très, très bien. Pour autant, on va quand même mettre en place un certain nombre de choses, notamment des séances vidéo qu’on a déjà prévues et programmées pour aller encore plus dans le détail, et essayer d’être le mieux préparées possible. Encore une fois, c’est une rencontre difficile, mais pas inaccessible. Les filles ont beaucoup donné pour remonter dans le Groupe I, elles se sont vraiment mobilisées pour repartir vers l’avant. Tout le staff et moi-même avons également pas mal donné et on a à cœur, tous et toutes, de continuer à pousser. Après, c’est le sport, on verra ce qui se passera sur le week-end.
(Propos recueillis par Myrtille Rambion, à Melbourne).